Scénario pour une expédition en terrain toxique

Notes de voyage

 

La recherche du lieu. Aller à la recherche d’un lieu.

Un site qui n’est qu’une projection de notre imaginaire.

Essayer de coller cette image à une réalité.

Dans un concept du hasard contrôlé, se rapprocher d’un but

en se rendant sur le bon territoire, ne rien connaître de son

histoire, ne rien savoir de ce que l’on va y découvrir.

S’exciter à fond…

Entrer par effraction et puis violer le périmètre interdit.

Déjouer ce qui est public ou privé, ne pas être orienté vers ce

qui devrait être beau et rassurant.

Préférer les passerelles jetées à trente mètre au-dessus du vide plutôt

que les bureaux aux parfums de plastic brûlé par le temps.

Toucher ce qui est sale et dangereux, prendre le risque de se perdre

dans un éblouissement artificiel de lignes lumineuses, recevoir des

bouffées d’acides nucléiques dans les allées de néons.

Intégrer la mise en abîme dans la cellule souche de la ville du XXIe siècle.

 

Entrer dans la ZONE, « STALKER » puisque personne n’ose s’y aventurer

craignant de ne jamais en revenir, une zone délaissée de la ceinture urbaine.

Les scories de l’économie à bout de souffle.

Creuser la carte, par des détours, des allés retours. Dessiner l’espace panoptique

autour des autoroutes, creuser la carte dans l’espace flou.

Se diriger vers la périphérie, là où hier encore la classe moyenne exhibait son quotidien.

La barrière entre laideur urbaine et beauté de l’ordinaire se croise et se mêle.

La traversée de différents territoires pour une seule chose,

Va te perdre !

Le territoire lui-même est son propre aménagement.

Dans une attente du soudain, une ambiance, lorsque les usines

fonctionnent au loin, le port se dessine. La ville dans la ville.

Les containers deviennent des architectures par accumulation

et empilement. Tout est normé, quadrillé, numéroté, l’espace

sans gaspillage.

 

Un plan en damier, froid et monotone.

Encore une ville reconstruite !

Des zones dites « industrielles », atemporelles, il n’y a plus

de discernement, seules des infrastructures métalliques

existent encore. À droite une imprimerie, là une production

agroalimentaire, au fond du bloc des tourets de câble empilés.

Ici est partout à la fois, la périphérie est au coeur de la cité.

C’est l’esthétique du bloc composite !

Le matériau donne un sens à l’espace construit,

il joue un rôle dans son esthétique.

Symbole de perpétuité, la pierre parcourt les temps mais au Havre

il n’y en a pas. Marqueur archéologique de notre patrimoine :

l’Eglise, les hospices, l’hôtel de ville…

La Brique et le fer signent le temps de la Grande Industrie.

L’acier remplace le bois dans les soutènements. Le Béton

« génie » moderne. Il marque incontestablement cette

esthétique dans l’histoire de l’industrialisation.

Le matériau prend sa valeur dans une iconographie de

l’industrie. Une architecture en quête de représentation qui

joue sur le caractère utilitaire et symbolique.

 

 Extrait Mémoire DNSEP - Diane Blondeau -