RÉFRACTION

2021- Aquarium 80 × 30 × 42, horiziode, eau, deux haut-parleurs subaquatiques, amplificateur, Raspberry Pi, diffusion 5 min

 

 

" À l’occasion d’une résidence au FRAC Bourgogne en 2019, Diane Blondeau a appris l’existence parmi les professionnels de l’eau d’un corps de métier méconnu : celui de chercheur de fuites. De véritables filatures et énigmes émergent chaque jour pour traquer l’emplacement exact de fuites d’eau dans le réseau souterrain, en utilisant l’expérience d’écoute du territoire pour les géolocaliser rapidement à l’aide de graphiques et de micros. Si les objectifs de travail sont différents pour ces chercheurs et pour l’artiste, leurs outils entretiennent de fortes proximités et similarités, qui l’ont persuadée de les suivre et de s’emparer de leur méthode d’enquête. Puis de se voir ouvrir les portes de réservoirs d’eau potable, bassins d’orages, stations de traitement des eaux, autant de lieux aux acoustiques surprenantes, souvent fermés au public, dans lesquels elle est partie à la recherche de résonances particulières, de surprises auditives et de singularités sonores. C’est un processus de travail qui lui est cher que de se laisser entraîner, au fil des rencontres, des anecdotes, des recherches, vers des territoires qui ne sont pas les siens a priori, mais dans lesquels elle perçoit un intérêt plastique et sonore. Un processus en rhizome, fait de hasards choisis, qui offre aussi la possibilité de s’entourer de professionnels d’horizons divers pour mener ensemble un projet. Des liens forts et des échanges de savoir-faire se sont créés avec les chercheurs de fuites et autres membres du réseau Odivea qui l’ont accompagnée dans ses recherches, souvent intrigués, parfois déroutés, mais toujours surpris de redécouvrir leurs environnements et outils sous un nouveau prisme. Diane Blondeau contourne et détourne les méthodes de travail qu’elle observe pour leur imaginer d’autres règles, d’autres finalités. 

Pour « Réfraction », elle a créé un dispositif qui prend pour point de départ ces enregistrements réalisés au hasard de ses pérégrinations. On peut percevoir les sons émis sous l’eau. Cet écosystème retrace les différentes expériences vécues par l’artiste lors de ses recherches, entremêlant les éléments, atmosphères et sons des différents lieux qu’elle a traversés. Dans un milieu aquatique, les ondes se propagent quatre fois plus vite que dans l’air, et il est impossible pour une oreille humaine immergée d’en distinguer la provenance exacte, tant les vibrations acoustiques parviennent rapidement jusqu’au tympan. Ici encore, l’artiste évoque les notions de perception, de résonances, de leurre et joue des propriétés physiques des ondes sonores."  Juliette Tixier

 

 

photo : juliette tixier
photo : juliette tixier
photo : Diane Audema
photo : Diane Audema
photo : Diane Audema
photo : Diane Audema
photo : Diane Audema
photo : Diane Audema